2019, Vidéo, 8'53.
Une série de 3987 photographies prises en mouvement sur une période de dix ans et animées à la vitesse de 25 images par secondes.
« Une vanne iconographique grande ouverte, un flux intensif d’images, lesquelles se déversent, défilent, virevoltent… Corpflux, l’œuvre de Maxime Guedaly, débute comme les feux d’artifice usuellement se terminent, i.e. par un bouquet chromatique final.
L’intention de l’artiste n’est pas de réunir des fragments de monde pour le rendre posément consultable, mais plutôt d’insister sur le mouvement de ce dernier, d’en répéter l’agitation. La dimension cinétique des choses vaut plus que leur fixité.
Une étonnante dualité naît de cette tension temporelle induite par la lenteur et la régularité de la croissance du disque blanc qui débute au centre de la projection et le défilement de ces images affolées, pareilles à des abeilles enfumées. Temps long et temps court se frottent l’un à l’autre, s’affrontent, se brassent, et s’embrassent finalement. Corpflux enfante cette contraction temporelle. Ainsi, peut-être que lorsque Maxime Guedaly parle d’impermanence il ne vise pas l’éphémère mais plutôt ce qui se tient dans la permanence.
Corpflux représente un cycle, venue et départ, tel un éternel revenir. Des images qui se retirent dans leur propre profusion, ravalées par leur propre lieu d’apparition : l’écran. Lorsque les quatre coins de l’écran, ultimes lieux de persistance iconographique, finissent par lâcher sous le « poussement » de la sphère opaline, l’image totale revient plein écran, début immédiat d’une nouvelle boucle. Début d’une nouvelle longue inspiration. »
David Brunel
Docteur en philosophie esthétique, photographe,
chargé de cours en Sciences de l’art à Aix-Marseille Université,
en Arts du Spectacle à l’université Paul Valéry Montpellier III.
Analyse critique complète : De l'in-permanance — refermer la porte blanche —.
AGENDA
— Festival La DETER 2024.
Installation à la Mission Locale le 4 septembre 20h30-22h00 et projection à la Combine le 7 septembre à 22h30.
— Les Rencontres d'Arles 2019.
25, 26, 27, 28 juillet et 1, 2, 3, 4 août.
La Maison Close, passage Robert Doisneau.
Projection de 22h à minuit. Entrée libre.
PRESSE
— Focus sur PointContemporain
SELECTION
— ArteLaguna Prize 15 - First Selection
Je remercie tout particulièrement Negev Cohen, David Brunel, Tadashi Ono, Joakim, Hervé Hôte et Constance Heilmann pour leur soutien et leur précieux retours.
Une série de 3987 photographies prises en mouvement sur une période de dix ans et animées à la vitesse de 25 images par secondes.
Les images défilent très vite, la plupart d'entres elles sont floues. Parfois, surgissent des récurrences dans les images ou dans les sujets. Au fur et à mesure, un disque blanc grandit progressivement depuis le centre et par dessus les images. Le morceau Sine Qua Non de musique électronique ambiante, composé par Joakim, se déploie. Il participe à la dimension immersive de l'oeuvre et définit sa durée. A la fin, la surface blanche a totalement recouvert l'écran, il n'y a plus d'images, les nappes électroniques dans la musique ont laissé place à des pépiements d’oiseaux.
Durant 3 mois passés à l'ENSP d'Arles, j'ai mené une recherche d'editing autour d'un corpus constitué de 100.000 photographies que j'ai accumulées durant les dix dernières années. Corpflux résulte d'une sorte d’épuisement, à force d’étirer, de bousculer, de malaxer, de tenter, de mélanger. Ce processus m'a amené à un agencement d'une sélection réduite d’environ 4000 photographies. La notion d'impermanence m'a guidé tant dans la prise de vue que dans le choix des images, mais aussi dans leur mise en résonance. Elle sous-tend l'oeuvre selon trois régimes de représentation : les images, toutes prises en mouvement, sont floues - les images disparaissent trop vite pour être vues pleinement - les images sont peu à peu recouvertes par une surface blanche.
Tout au long de la pièce, opère un équilibre instable entre de multiples points de tension, jusqu’à une transition, un changement d'état complet, du flux au méditatif ou du chaos au calme ou du flux au corps...
Maxime Guedaly
Musique : Joakim Bouaziz - Sine Qua Non (Bandcamp)
Texte publié le 22 mars 2019
3987 photographs taken in motion over a period of ten years and animated at a speed of 25 frames per second.
The images scroll very quickly, most of them are blurry. Sometimes recurrences appear in the images or in the subjects. As time goes by, a white disc gradually grows from the center and over the images. The piece Sine Qua Non of ambient electronic music, composed by Joakim, unfolds. It participates in the immersive dimension of the work and defines its duration. At the end, the white surface totally covered the screen, there are no more images, the electronic layers in the music have given way to birds chirping.
During 3 months spent at the ENSP in Arles, I conducted an editing research around a corpus of 100,000 photographs that I have accumulated over the last ten years. Corpflux results from a kind of exhaustion, from stretching, pushing, kneading, trying, mixing. This process led me to a reduced selection of about 4000 photographs. The notion of impermanence guided me both in the shooting and in the choice of images, but also in their resonance. It underlies the work in three modes of representation: the images, all taken in movement, are blurred - the images disappear too quickly to be seen fully - the images are gradually covered by a white surface.
Throughout the piece, there is an unstable balance between multiple points of tension, until a transition, a complete change of state, from flow to meditative or from chaos to calm or from flow to the body...
Maxime Guedaly
Music : Joakim Bouaziz - Sine Qua Non (Bandcamp)
Text published on March 22nd 2019